lundi, octobre 06, 2008

Jean Rivet, « Ce qui existe un instant existe pour toujours », 1987


Photo Yannick Vigouroux, « Window # 1024, Paris, 1 oct. 2008 »





Le jugement que porte le poète Jean Rivet sur la photographie est a priori plutôt sévère :

« Vous brassez vos photos, vous en prenez six comme à une loterie. Vous choisissez l’heure, vous dites à votre femme de se dévêtir, vous soufflez sur l’éphéméride, vous calculez le retard de l’horloge, vous aimez provisoirement le mot absent et vous fixez une à une vos photos sur chaque face d’un cube de matière plastique transparent : vous laissez mijoter dans temps et vous gardez pour faire des conserves à souvenir. »

(Ce qui existe un instant existe pour toujours, 1987)


« Aimer le mot absent » (souvent j’ai fait des images parce que, justement, je ne trouvais pas le mot ou l’expression qui convenait à ce que je voulais exprimer : « aimer le mot absent » quelle belle expression !) ; des photos contenues dans un cube où l’idée d’une mémoire mosaïquée… ; des « conserves à souvenir », l’expression me fait aussi penser aux boîtes de conserve percées qu’utilisent, notamment, les membres du collectif Oscura, en guise de sténopés. Décidément, malgré elle, une telle réflexion, est vraiment encourageante, pour un photographe. Enfin un photographe qui aiment investir des pratiques d’amateurs, les détourner de leur usage habituel.

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