vendredi, août 18, 2006

"Littoralités" (Venise, 1999) : l’eau du rêve et le corps du temps

("Littoralité, Venise, 1999". Photo Yannick Vigouroux)


N[e]on (2001) de Dave McKean, film tourné en Super 8, ressemble à un rêve hypnotique. Nombres de plans des canaux de Venise me font songer à mes propres « Littoralités » ou à des vues au sténopé (ici animées). La voix off ne cesse de filer la métaphore du corps :
« On est entrés par les oreilles de la ville, et non les yeux. Je me souviens des gens, affairés à des choses de gens. Ils ajoutaient leurs propres couches de vie, des dermes, aux siècles de couches déjà présents. […] La sensation de l’eau à l’approche de la ville. Une force gigantesque et inévitable, le sang du monde. Et moi, assis dans mon vaporetto, un morceau de vie, un microbe dans les veines de la ville. La ville est comme un organe, son histologie gravée dans les murs et les cavités. En déclin… ».
Quand, pour la première fois de ma vie, je suis allé à Venise en 1999, je m’imaginais celle-ci comme un immense piège à touristes au tracé aseptisé et balisé : j’ai découvert au contraire un labyrinthe intérieur où il faisait bon ce perdre ; fasciné, multipliant les prises de vue à la
box, j’ai rencontré la sensation d’un temps suspendu entre ciel et lagune, retenu par les pierres et leur patine.

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